Pour répondre à ces interrogations, le Cerema, le CIBE (comité interprofessionnel du bois énergie) et la FNCOFOR (fédération nationale des communes forestières) ont co-construit un guide avec le soutien de France Bois Forêt.
Cet ouvrage, à destination des collectivités, présente les atouts du bois énergie illustrés de leviers d’actions et de retours d’expériences inspirants pour le développer dans les territoires de l’amont à l’aval de la filière..
Depuis 1998, la ville d’Autun a choisi d’abandonner le fioul au profit du bois-énergie pour son réseau de chaleur. L’évolution du mix énergétique du réseau de chaleur a été progressive avec la construction d’une première chaufferie biomasse de 8MW en 1998, puis d’une seconde chaufferie biomasse de 1.5MW en 2012. La seconde chaufferie étant particulièrement exemplaire en terme de contenu CO2 puisque son implantation se situe à proximité immédiate de la scierie qui l’alimente. Ainsi, aucune rotation de camion n’est nécessaire pour son fonctionnement. Cette chaufferie biomasse a permis d’éviter l’émission de près de 2000 tonnes de CO2 chaque année par rapport à une solution gaz, soit près de 700 véhicules retirés de la circulation.
Il existe des constructeurs (dont celui-ci) qui proposent la construction d’une micro-chaufferie au bois déchiqueté prête à l’emploi.
C’est une chaufferie qui est livrée « prêt à l’emploi, transportable, recyclable et son implantation est réversible. Elle comprend la chaudière et le silo de stockage du bois ». Adaptable suivant les configurations, cette chaudière est alimentée en bois déchiqueté.
La création d’un réseau de chaleur est parfois compliquée à phaser avec la construction et les raccordements des bâtiments. Parfois sont utilisées des chaufferies provisoires, généralement au fioul. Cette solution de chaufferie bois modulable prête à l’emploi permet de s’affranchir de l’utilisation d’énergie fossile, même provisoire. On peut aussi imaginer une installation progressive de plusieurs chaufferies permettant de suivre un phasage de constructions de bâtiments.
Carrefour International du Bois organisé par Atlanbois, du 1er au 3 juin 2016, au Parc des Expositions de la Beaujoire à Nantes.
Conférences « Techniques & Solutions Bois » Bois & Énergie en Pays-de-la-Loire Quels enseignements pour développer de futurs projets ?
Le 2 juin 2016 à 14h00 (Hall 4)
Les années 2015 et 2016 ont été propices à de nombreuses études pour le développement du bois énergie en Pays de la Loire. Cette intervention reprendra leurs principaux enseignements et abordera la stratégie de développement.
Par Cédric Garnier – Ademe Pays de la Loire, Emmanuelle Bastin – DREAL Pays de la Loire, et Laura Païs – Animatrice bois énergie à Atlanbois.
Le Comité Interprofessionnel du Bois-Energie (CIBE), avec le soutien de l’ADEME, organise une journée technique
« Bois-énergie et chauffage urbain – Une opportunité pour la création, l’extension et l’interconnexion de réseaux »
Vendredi 3 juillet à Dijon
Cette journée sera organisée autour de trois axes majeurs :
les bonnes pratiques (conception, construction, exploitation, suivi, optimisation)
les aspects économiques (prix de la chaleur, aides)
les retours d’expérience régional et dijonnais
Cette rencontre sera l’occasion d’échanger autour d’éléments-clés indispensables à la réussite d’un projet de réseau de chaleur au bois.
Que vous soyez une collectivité locale, un bureau d’étude, un opérateur énergétique, une structure d’animation bois-énergie… vous trouverez au cours de cette journée de nombreuses informations qui vous permettront de mieux appréhender l’intérêt et les possibilités d’utilisation du bois lors de la création ou du développement d’un réseau.
Tarifs des frais d’inscription :
65 euros nets de taxes pour les adhérents du CIBE
98 euros nets de taxes pour les non-adhérentsDate-limite d’inscription : le 26 juin 2015
Des présentations en salle sont au programme de la matinée sur les thématiques suivantes :
– L’animateur bois-énergie, véritable lien entre tous les intervenants de la filière
– Montages juridiques pour la gestion du service public de distribution de chaleur
– La régie, mode de gestion retenu pour les chaufferies et réseaux de chaleur du Pays de Saint-Flour-Margeride
– Rôle et missions de l’assistant à maîtrise d’ouvrage
– Création et fonctionnement d’une régie de distribution de chaleur
– Exploitation du réseau : approvisionnement en combustible, conduite et entretien courant
– Aides publiques aux réseaux de chaleur bois : Fonds Chaleur, aides régionales…
Deux visites successives sont proposées l’après-midi :
– Chaufferie bois de Volzac
– Chaufferie bois de la ZAC du Crozatier
visant un large public et particulièrement les collectivités territoriales, les industriels et les bureaux d’études.
La direction régionale Ile-de-France de l’ADEME et la région Ile-de-France lancent 3 appels à projets pour le développement de réseaux de chaleur, de chaufferies biomasse et d’installations de géothermie profonde.
La Suède est très en avance sur le développement des énergies renouvelables et de récupération, comme on peut le voir sur le graphique ci-dessous, extrait des Chiffres clés Climat Air Énergie édition 2013.
En effet, la part d’énergies renouvelables et de récupération (EnR&R) dans la consommation finale d’énergie en Suède est de presque 50% alors qu’elle arrive difficilement à 15% pour la France. Cette avance est en grande parti due au très bon développement des réseaux de chaleur (fortement mobilisateurs d’EnR&R) en Suède. Le mix énergétique des réseaux de chaleur en Suède est le suivant :
Mix énergétique des réseaux de chaleur en Suède (2010)
Les réseaux de chaleur suédois sont détenus et exploités par des organismes 100% publics (liés aux villes). C’est le principal mode de chauffage dans 240 des 290 communes en Suède. Il y a des réseaux dans toutes les communes > 10 000 habitants. Les réseaux de chaleur suédois ont distribué en 2012 environ 50 TWh soit 4,5 MTep (c’est 2 MTep en France ! source : enquête annuelle sur le chauffage urbain et la climatisation urbaine sur 2012). Si l’on rapporte en moyenne au nombre d’habitants, les réseaux de chaleur distribuent 0,45 tep / hab en Suède et 0,03 tep / hab en France, et 0,34 tep EnR&R/ hab en Suède contre 0,01 tep EnR&R / hab en France… Les réseaux de chaleur en Suède desservent 60% de logements, 30% pour le secteur des services et 10% d’industries. Cela correspond au ratio français (2/3 résidentiel, 1/3 tertiaire).
Les réseaux de chaleur/froid à Göteborg et sa région
A Göteborg, c’est Göteborg Energi, principal fournisseur d’énergie (toutes énergies) dans l’ouest de la Suède, qui gère les réseaux de chaleur/froid. Il s’agit d’une SA séparée de la ville depuis 1980 mais 100% détenue par la ville. Le développement des réseaux de chaleur/froid se fait depuis les années 50. Avant il y avait surtout du gaz de ville. Les émissions de soufre ont ainsi été réduites de 99% depuis 1985 et celles d’oxyde d’azote de 89%.
Le réseau de chaleur
Développement du réseau de chaleur – source : Göteborg Energi
Le réseau de chaleur est interconnecté et relie le Nord au Sud de la région de Göteborg sur 20 km, avec, au total, 1 200 km de canalisations et 19 sites de production. Il dessert 90% des logements collectifs et 20% des maisons individuelles de la région, soit environ 19 000 clients.
Sites de production du réseau de chaleur – source : Göteborg Energi
Le réseau de Göteborg est alimenté en base par la chaleur récupérée de l’incinération des déchets et des raffineries (environ 50%) et en appoint par des biocombustibles et des PAC sur eaux usées. Son mix énergétique est à plus de 80% renouvelables et de récupération. Il fourni environ 0,3 MTep de chaleur (c’est à peur près 1/8 de ce qui est fourni par tous les réseaux de chaleur en France ! source : enquête annuelle sur le chauffage urbain et la climatisation urbaine sur 2012).
mix énergétique RdC Göteborg 1954-2014 (source : Göteborg Energi)
Un poste de contrôle permet de voir la demande de chauffage et de gérer quelle énergie démarre ou s’arrête. Le réseau possède un comptage horaire depuis 2 ans.
Les travaux effectués sur le réseau de chaleur sont mutualisés avec les travaux effectués pour la fibre, pour l’enterrement des tuyaux.
Le prix moyen est de 60€/MWh (il est d’environ 76€ TTC/MWh pour les réseaux de chaleur en France – source enquête Amorce 2011), soit une alternative de chauffage économique.
Innovations (par rapport à la France…) du réseau de Göteborg
Göteborg est inscrite dans le projet européen Celsius, qui contribuera à atteindre les objectifs énergétiques (augmentation de la part EnR&R et de l’efficacité énergétique et diminution des émissions de GES) en Europe.
L’objectif est d’avoir 50 nouvelles villes Celsius d’ici 2017, la France est pour l’instant la grande absente : pour en savoir plus sur le projet Celsius. Ce projet, avec un budget total de 26 millions d’€, permet notamment une diffusion des nouvelles idées pour les réseaux de chaleur/froid, comme les deux idées suivantes à Göteborg, mais aussi 300 MW de stockage de chaleur à Rotterdam, l’intégration au réseau de chaleur de sources d’énergie résiduelles comme le métro à Londres, la récupération d’énergie des eaux usées à Cologne, la récupération de l’énergie du réseau de distribution de gaz naturel à Gènes, etc.
Les lave-linges et lave-vaisselles sont raccordés au réseau de chaleur pour un nouveau quartier, et pour les immeubles existants (les appareils sont en commun en bas d’immeuble)
Le réseau de chaleur fournira le chauffage du ferry Stena (bateau de liaison entre des villes européennes), qui se branchera la nuit et arrêtera ainsi sa propre chaufferie pétrole.
Gros bateau de liaison à Göteborg la nuit (photo du pôle réseaux de chaleur)
Connexion du RdC au bâteau – source : Göteborg Energi
Technologie de vision/contrôle des consommations en temps réel : les usagers peuvent suivre et gérer leur consommation, Göteborg Energie peut décider plus facilement de faire marcher telle ou telle énergie suivant la demande, le service client peut ainsi prévenir les problèmes.
Pour les usagers, le prix du réseau de chaleur est modulé selon 4 choix qui vont de la location de l’échangeur à l’achat de celui-ci (avec 2 choix intermédiaire).
4 alternatives de prix pour les particuliers – source : Göteborg Energi
Le prix peut être simulé sur le site goteborgenergi.se qui est un site très visuel et pratique (vidéos, simulations, etc.) pour les usagers ou les personnes qui s’intéressent au réseau. Le choix le moins cher à l’investissement est celui de la location, dans ce cas Göteborg Energi gère tout de A à Z. C’est le choix fait plutôt par les locataires de logement. Ensuite, le choix n°2 correspond à un investissement léger sur l’installation, avec un prix en €/kWh identique au choix « location ». Le choix n°3 correspond à un investissement plus important du client sur l’installation et un prix en €/kWh plus faible. Et enfin le choix n°4 correspond à un investissement important sur l’installation et un prix en €/kWh faible, cette offre est calibrée de telle sorte à concurrencer la solution PAC. C’est généralement ce qui est choisi par les propriétaires du logement.
Le service clients du réseau de chaleur est très structuré est disponible, avec une assistance par téléphone permettant aux clients de s’approprier les systèmes (l’échangeur) et leur fonctionnement. Il y a peu de questions sur les factures et beaucoup sur les installations. L’aide par téléphone est suffisante dans 8 cas sur 10, l’intervention sur place ne se fait que dans 2 cas sur 10.
Le réseau dessert 20% des maisons individuelles de la région.
Sous-station individuelle (Mölndal)
Usine de cogénération à Mölndal
Vue d’ensemble de l’usine de cogénération à Mölndal – source : Mölndal Energi
Les éléments suivant sont extrait de la visite de l’usine de cogénération biomasse à Mölndal. Mölndal est une ville située à environ 10 km au sud de Göteborg.
Plan du réseau de chaleur de Mölndal – source : Mölndal Energi
C’est Mölndal Energi, détenu à 100% par la ville de Mölndal, qui assure la production et la distribution de chaleur et d’électricité à Mölndal et autour. L’usine de cogénération de Mölndal, qui est le site le plus important de production du réseau de chaleur de Mölndal, fourni environ 21 000 clients en électricité (1 000 GWh) et 2 000 clients en chauffage (450 GWh), il fourni également le réseau de Göteborg. Son mix énergétique est le suivant :
Mix énergétique de l’usine de cogénération à Mölndal – source : Mölndal Energi
Soit quasiment 100% d’EnR&R, en majorité du bois (80%) et de la tourbe (20%). La tourbe étant moins efficace, elle est progressivement diminuée au profit du bois, comme on peut le voir sur le graphique ci-dessous montrant l’évolution du mix énergétique de l’usine sur 2020-2013 (la tourbe est en vert clair, le bois en vert foncé, en gris il s’agit d’achat à Göteborg Energi principalement et en noir du fioul).
Mix énergétique 2002-2013 de l’usine de cogénération de Mölndal – source : Mölndal Energi
Le régime de température est de 75 à 110°C à l’aller et 40°C au retour. En Suède, il y a une taxe sur la température de retour, qui doit être la plus faible possible afin de diminuer le débit, le diamètre des canalisations ou d’augmenter le nombre d’abonnés. Le débit est ainsi deux fois plus faible en Suède qu’en France (où les réseaux sont généralement sur-dimensionnés).
Système de condensation des fumées – source : Mölndal Energi
Les émissions sont également taxées en Suède.
L’usine est équipée d’un nouveau condensateur des fumées depuis 2009, qui permet d’abaisser fortement les émissions de GES, comme on peut le voir sur le graphique suivant.
Emissions de CO2 de l’usine de cogénération de Mölndal entre 2002 et 2013
La température des fumées en sortie de cheminée est de 37°C.
L’efficacité de l’usine de cogénération est de 85% et augmente à 105% avec la condensation des fumées. La puissance est modulable variant de 15 à 80 MW.
Galerie photos :
tapis roulant
silo de stockage (3j)
poste de contrôle
pompes
pèse camion
outils
objets récupérés dans le bois
grapin
traitement fumees
tapis roulant ext
gros tuyaux
chaudière
brûleur
brûleur
biomasse
bacs déchets
acheminement bois et cheminée
Station d’épuration Rya
Tout comme l’usine de cogénération de Mölndal, la station d’épuration (step) de Rya est un des sites de production de chaleur du réseau de chaleur de Göteborg, via des PAC.
Vue d’ensemble de la station d’épuration Rya – source : Gryyab
C’est une station d’épuration régionale de traitement des eaux usées d’environ 800 000 équivalents habitants, sur un territoire de 200 km² – dont 20 km² en zone urbaine. Son emprise est relativement faible puisqu’elle est de 10 hectares, la step est entourée de forêt et ne s’agrandira donc pas. Il y a cependant des travaux de rénovation/agrandissement (au sein de la même emprise) tous les 10 ans environ.
Plan de la station d’épuration Rya – source : Gryyab
C’est l’organisme public Gryyab, de 83 employés, qui exploite la step et son réseau de 130 km. Le traitement des eaux usées est entièrement automatisé ce qui permet une autonomie la nuit. La step fourni du biogaz (utilisé par les véhicules) et de la chaleur pour le réseau de chaleur de Göteborg.
Procédé de la station d’épuration Rya – source : Gryyab
Sur le graphique précédent, on voit, sur la droite, que la chaleur de l’eau est récupérée en sorti de la station, cela afin de maintenir la température de l’eau pendant le process et afin d’utiliser de l’eau propre. A l’entrée de la station, l’eau usée est à environ 10-12°C en moyenne sur l’année (au moment de la visite, un matin en septembre, l’eau était à 19°C) tout comme l’eau propre en sortie, ce qui est plus chaud que la rivière. Cette chaleur est récupérée via des pompes à chaleur, et représente, en sortie de PAC, 480 GWh (40 ktep), soit 7% du mix du réseau de Göteborg.
La chaleur fournie par la step est utilisée, par le réseau de chaleur de Göteborg, pour répondre aux pics de demande, ce qui est particulièrement intéressant puisque c’est généralement de l’énergie fossile (gaz/fioul et autre) qui répond à ces pics. On peut voir l’utilisation de la chaleur de la step sur le graphique suivant (en couleur saumon) montrant la demande annuelle de chaleur à Göteborg.
Galerie photos :
Gros tuyaux d’eau
Vue d’ensemble bassins + beau bâtiment avec les derniers filtres
On voit la forêt à la limite de la step
Les oiseaux aiment beaucoup les bassins !
Nouveau bassin en construction
Mélangeur
Maquette de la step
Suppression des bactéries de l’eau grâce à des petits éléments où la surface d’accroche est maximisée
traitement de l’eau à l’ozone
Biogaz
Filtration final
Filtre ultra fin (filtre final de l’eau)
Main derrière le filtre pour voir l’opacité
Filtration final tournante avec de nombreux filtre très fins dans un capeau réduisant fortement le bruit
Filet anti-oiseaux au dessus d’un bassin pour tester (car les oiseaux gènent quand ils sont trop nombreux)
Dans une ordonnance du 15 juillet 2014, le juge des référés du Tribunal administratif de Dijon a jugé, dans le cadre d’un recours engagé par un collectif de riverains contre la chaufferie biomasse du Grand Dijon, que le remplacement du chauffage au fioul et au charbon par de la biomasse est d’intérêt général(ord. Référé, TA Dijon, 15 juillet 2014, req. n° 1402006).
Selon l’avocat Carl Enckell, qui analyse cette décision sur son blog :
Cette jurisprudence, bien que résultant d’une décision de référé, est suffisamment complète pour retenir que :
1. Les tribunaux sont prêts à examiner avec beaucoup de précisions les avantages octroyés par les énergies renouvelables dans le cadre des projets mettant en œuvre la transition énergétique
2. Les choix des collectivités publiques et leur inscription dans des documents de planification tel que le Plan climat énergie peuvent constituer un véritable soutien au développement des énergies renouvelables, également pris en considération par le juge
3. La mise en balance des intérêts publics et privés, et plus particulièrement les éventuels impacts locaux des projets de chaufferie biomasse ne sont à eux seuls pas de nature à remettre en cause l’intérêt général de ces opérations.