Chiffres clés des énergies renouvelables 2013 : liens avec les réseaux de chaleur

Extrait des Chiffres clés des énergies renouvelables – Édition 2013 – Service de l’observation et des statistiques (SOeS – MEDDE)

L’Union européenne s’est fixé l’objectif de satisfaire 20 % de sa consommation finale d’énergie par les énergies renouvelables à l’horizon 2020 ; cette ambition se traduit par une cible de 23 % pour la France.
Le Service de l’observation et des statistiques du ministère du développement durable a donc souhaité rassembler dans un seul document ses données les plus récentes sur les énergies renouvelables afin de les mettre à disposition d’un large public. Les quatre parties de ce document permettent ainsi de situer les énergies renouvelables dans le bouquet énergétique de la France, de présenter les différentes filières des énergies renouvelables, en mettant particulièrement l’accent sur la dimension territoriale, de mesurer la trajectoire de la France vers sa cible d’ici 2020 et, enfin, de situer notre pays par rapport à ses voisins européens et au reste du monde.

Nous vous proposons ici une lecture « réseaux de chaleur » de ces chiffres clés, c’est-à-dire orientée sur les données concernant la chaleur renouvelable ainsi que les gisements énergétiques préférentiels des réseaux de chaleur.

Les énergies renouvelables dans le bouquet énergétique de la France

La production et la consommation de chaleur est le premier usage des ressources renouvelables, devant l’électricité.

bilan énergétique EnR primaire à finale
Sur les 19,49 MTep de ressources primaires d’EnR, 12,28 sont de l’énergie renouvelable thermique. Sur ces 12,28 MTep d’EnRt, la consommation finale de chaleur renouvelable est de 11,62 MTep. La consommation finale d’électricité renouvelable est quant à elle de 5,57 MTep.
Dans ce tableau, on voit bien que les objectif 2020 sont de +20MTep d’énergie renouvelable dans la consommation finale (passage de 16 MTep en 2005 à 36 MTep requises en 2020), dont +10MTep de chaleur renouvelable (passage de 9 à 19 MTep). La contribution des réseaux de chaleur dans cette objectif d’augmentation de la chaleur renouvelable est d’1/4, soit +2,5MTep de chaleur renouvelable distribuée par un réseau de chaleur. On peut rappeler ici que les réseaux de chaleur  sont un puissant moyen pour mobiliser massivement d’importants gisements d’EnR tels que la biomasse, le solaire thermique, la géothermie, le bois-énergie, les déchets urbains (voir « Découvrir les réseaux de chaleur« )…

Le bois-énergie

Le bois-énergie représente 79 % de la consommation finale d’énergies renouvelables
thermiques pour la production de chaleur en 2011, contre 93 % en 1995.

Toutes filières confondues, c’est la principale source d’énergie renouvelable aujourd’hui, et ce sera toujours le cas en 2020 (cf. tableau précédent, où l’on voit par exemple que le solaire photovoltaïque représentera en 2020 environ 0,6 Mtep, alors que la biomasse solide représentera 7,5 Mtep – soit 12 fois plus !).

La forêt occupe près de 30% du territoire métropolitain, avec un boisement plus important à l’est et au sud mais présent dans tous les départements du territoire. Le gisement de bois-énergie exploitable  (selon une étude ADEME de 2009) est d’environ 10 MTep/an, soit l’ordre de grandeur de ce qui est actuellement consommé (8 MTep consommées en 2011). L’objectif 2020 pour les réseaux de chaleur est une distribution de 1,2 MTep de chaleur biomasse contre 0,1 MTep en 2009.
Sur ces graphiques, on peut voir une augmentation de la puissance cumulée des chaufferies bois-énergie qui est passée de 60,1 MW en 2009 à 338,3 MW en 2011, ainsi qu’une augmentation de leur nombre qui a plus que triplé entre 2009 et 2011. Mais, comme on le verra plus loin dans l’article, cette augmentation n’est pas suffisante pour atteindre les objectifs fixés.

Déchets urbains renouvelables

Les déchets renouvelables représentent 2,6% de la consommation finale d’énergies renouvelables thermiques pour la production de chaleur en 2011, sachant que la production d’énergie à partir des déchets urbains est comptabilisée pour moitié comme renouvelable.

En 2011, 414 ktep de chaleur et 191 ktep d’électricité sont produites à partir de déchets urbains. La cogénération contribue de façon importante à cette production. Les réseaux de chaleur sont un excellent moyen de valoriser cette chaleur fatale. Ainsi, l’objectif 2020 est de 0,9 Mtep de chaleur issue de la part renouvelable des déchets ménagers distribuées par les réseaux de chaleur (contre 0,4 Mtep en 2009).

Biogaz

Le biogaz représente 2,6% de la consommation finale d’énergies renouvelables thermiques pour la production de chaleur en 2011.

La production de chaleur à partir de biogaz est de 74 ktep en 2011. L’objectif 2020 est de 555 ktep avec une utilisation majoritaire par les réseaux de chaleur et l’injection dans le réseau de gaz naturel.

La trajectoire de la France vers sa cible 2020

Ce graphique confirme le retard sur la trajectoire du plan national d’action par les filières « Chauffage, refroidissement » et « Transports » : la part des EnR dans la consommation finale de chaleur et de froid est de 16,5% au lieu de 18% prévus par la trajectoire du PNA. En ce qui concerne les réseaux de chaleur, la part EnR&R moyenne est de 36% (enquête SNCU 2011), donc bien au dessus de la moyenne nationale. Ceci confirme que les réseaux de chaleur sont un moyen efficace et puissant pour mobiliser des sources renouvelables.
Ce graphique montre que la réalité n’atteint pas la trajectoire, principalement à cause de la filière biomasse solide et des autres filières chaleur.
Sur ce graphique, on voit plus précisément que la production brute de chaleur à partir de biomasse est en retrait de 977 ktep en 2011 par rapport à la trajectoire prévue. Dans une moindre mesure, les filières  de la géothermie et du solaire thermique pour la production de chaleur n’ont pas atteint la trajectoire. Le dépassement de l’objectif 2011 par les PAC et le biogaz ne suffit pas à compenser ce manque.

L’accent est donc à mettre sur l’utilisation de la biomasse, de la géothermie et du solaire thermique. D’ailleurs, l’objectif de distribution de chaleur géothermique par les réseaux de chaleur est de 0,5 MTep/an en 2020 (pour 0,13 MTep/an en 2009).

Le Fonds chaleur de l’ADEME est un des moyens permettant d’atteindre les objectifs sur la chaleur renouvelable (de +10 MTep en 2020). En effet, le fonds chaleur doit financer plus de la moitié de l’objectif (5,5 MTep).  L’ADEME considère que les résultats atteints sont en ligne avec les objectifs attendus pour 2012.

Comme cela a été confirmé par le rapport de la cour des comptes sur la politique de développement des énergies renouvelables (juillet 2013), ce fonds est donc un dispositif efficace lorsque l’on examine la quantité d’argent public investi et qu’on la rapporte aux quantités de tep renouvelables produites, en particulier pour les réalisations mobilisant la biomasse. Le coût du soutien par le fonds chaleur rapporté à la tep produite est bien plus avantageux pour les filières géothermie (1100 €/tep) et biomasse solide (485 €/tep) que pour d’autres filières, comme le solaire.

Situation de la France par rapport aux autres pays de l’Union Européenne

La Suède, le Danemark et la Finlande sont plus avancés que la France dans l’utilisation des EnR. Cela peut s’expliquer en partie par une utilisation accrue du chauffage urbain, qui couvre plus de la moitié de l’approvisionnement en chaleur des bâtiments  contre moins de 6 % en France.
La Suède vise à présent à couvrir 100 % de ses besoins en chaleur par des énergies renouvelables d’ici 2020. La création d’une taxe carbone dans les années 90 a notamment contribué au développement des réseaux de chaleur. De même au Danemark, en 1977, une taxe a été créée sur le pétrole, l’électricité et le charbon, ce qui a contribué à rendre économiquement viable les investissements dans les réseaux de chaleur.

Pour en savoir plus

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Une réflexion sur « Chiffres clés des énergies renouvelables 2013 : liens avec les réseaux de chaleur »

  1. Un autre document publié par le ministère récemment : « Panorama énergie-climat 2013 » : http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Panorama-energies-climat_E2013.pdf (plus général car non ciblé énergies renouvelables, et abordant aussi les sujets climat).

    Contenu :

    Les enjeux de la transition énergétique
    1- Lutter contre le changement climatique
    2- Maîtriser la demande en énergie et promouvoir l’efficacité énergétique
    3- Combattre la précarité énergétique
    4- Développer les technologies pour le système énergétique de demain

    La France dans son environnement européen et international
    5- Les objectifs européens énergie-climat
    6- Les marchés pétroliers et gaziers mondiaux
    7- Les marchés européens de l’électricité
    8- Les importations et les exportations ; la facture énergétique
    Le secteur pétrolier et gazier en France
    9- L’exploration et la production d’hydrocarbures en France
    10- Le raffinage
    11- Les carburants de substitution
    12- Les infrastructures pétrolières
    13- La distribution des produits pétroliers
    14- Les infrastructures gazières

    Le système électrique en France
    15- La production d’électricité en France et l’effacement
    16- Les réseaux de transport et de distribution d’électricité
    17- La sécurité du système électrique

    Les filières industrielles pour la production d’énergie décarbonée
    18- La biomasse énergie
    19- L’éolien
    20- Les énergies marines
    21- La géothermie
    22- L’hydroélectricité
    23- L’industrie nucléaire
    24- Le photovoltaïque et le solaire thermodynamique

    Les filières industrielles pour un meilleur usage de l’énergie
    25- Le pilotage dynamique des systèmes énergétiques intelligents : réseaux intelligents,
    hydrogène, stockage
    26- Le captage et stockage du CO2 et sa valorisation
    27- Le véhicule décarboné et son écosystème

    Le prix de l’énergie, la fiscalité, et les dispositifs de soutien aux énergies
    renouvelables
    28- Les prix des produits pétroliers
    29- Les prix du gaz
    30- Les prix de l’électricité
    31- La fiscalité de l’énergie
    32- Les dispositifs et le coût du soutien à la production d’énergie renouvelable

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